Inespéré
Première grande rétrospective des périodes bleue et rose qu’aient organisé ensemble les musée d’Orsay et Picasso de Paris. Retrouvez quelques œuvres incontournables de l’exposition.
La jeunesse à Barcelone


Lorsqu’il dessine cet autoportrait, Picasso a 18 ans. Il brûle les étapes de l’apprentissage des arts et dessine à 14 ans déjà comme « Raphaël », il remporte haut la main les épreuves dans les écoles d’art par lesquelles il passe.
Son père est nommé en 1895 comme professeur à La Lonja, l’école des Beaux-Arts de Barcelone. Picasso part loin des milieux provinciaux de Málaga, sa ville natale ou de La Corogne.
Barcelone est bruissante de tous les courants les plus avant-gardistes, en littérature, en architecture et dans le domaine des arts plastiques, c’est une ville ouverte aux apports modernistes de l’Europe entière.
Au cabaret Els Quatre Gats, lieu de rencontres de tous les jeunes talents, Picasso se lie d’amitié avec le peintre Casagemas, le sculpteur Manolo et le poète Sabartés. Le coup d’envoi de sa carrière se fait d’ailleurs dans ce cabaret en février 1900, il présente environ 150 portraits dessinés en quelques semaines.
Première épopée parisienne
Paris attire le jeune artiste, un premier voyage l’y conduit à l’automne 1900, alors qu’il était en route pour Londres où il n’ira pas.

Le drame Carlos Casagemas


Les deux amis vont connaître 18 mois d’intense activité de Barcelone à Paris, ils font voyage ensemble à l’automne 1900. Casagemas est malheureusement confronté au drame d’un amour malheureux, et malgré l’effort de ses amis pour le distraire, il décide le 17 février de convier quelques amis, dont « Germaine » (son amour perdu) au restaurant L’Hippodrome. Durant le dîner, le catalan se lève et prononce un discours en français, puis il sort un pistolet et vise Germaine, qui se protège derrière un convive. Carlos retourne alors l’arme contre sa tempe et tire. Il meurt sur le coup.

Picasso, alors absent de Paris, garde de ce drame une profonde blessure. Le visage de son ami apparaît d’ailleurs dans La Vie (1903).
Retour à Paris après le drame
Il retourne à Paris en mai 1901 pour avoir sa première exposition en France (64 peintures chez Vollard) en juin. La critique est élogieuse et le succès est au rendez-vous jusqu’à ce qu’il entame sa période de monochromie bleue. Elle fut décrite souvent décrite ainsi : « bleue comme le fond de l’abîme et pitoyable ».
Les nombreuses allées et venues
Picasso repart pour Barcelone puis revient à Paris en 1902 partager le découragement et la misère de son ami Max Jacob.
Il expose à la galerie Berthe Weill avant de retourner à Barcelone où, en 1903, il réalise la composition allégorique qui domine cette période : La Vie. Mais le milieu barcelonais ne lui suffit plus et en avril 1904, Picasso repart pour Paris et cette fois-ci de manière définitive.


Influencée par Puvis de Chavannes, cette oeuvre a aussi été baptisée « La fleur du mal » en référence à son caractère symboliste. La fleur rouge, en contraste avec le bleu puissant, est un élément repris dans d’autres réalisations contemporaines.
Picasso offrit cette oeuvre au docteur Josep Fontbona, pour le remercier de l’avoir guéri d’une maladie sexuellement transmissible.
Une étude récente a révélé la présence d’une composition sous-jacente représentant une femme assise au verre d’absinthe, en partie recouverte par une page du journal du 18 janvier 1902. Picasso a probablement utilisé cette feuille pour protéger la toile pendant son transport entre Paris et Barcelone, et a ensuite repeint cette maternité par-dessus.

Le retour définitif à Paris
Picasso vit à Montmartre au Bateau-Lavoir. Il fréquente la « colonie espagnole », Paco Durrio, Canals, Manolo, Pichot. Mais surtout, le cercle de ses amis français s’élargit et, au début de 1905, il fait la connaissance d’André Salmon et d’Apollinaire. A la même période, il dévoile à la galerie Serrurier, une exposition mettant en scène la série des saltimbanques et arlequins qui fondent la période rose.

Il rencontre Leo et Gertrude Stein en 1905 et par leur intermédiaire Matisse (1906) puis Derain, il fait maintenant parti du milieu des avant-gardes.

Ses œuvres de la période rose lui rapportent assez pour lui permettre de partir à l’été 1906 avec sa compagne Fernande Olivier. Ils partent pour Gosol, en Haute Catalogne, véritable retour aux sources qui sera déterminant pour l’évolution de son travail, mais ceci est une autre histoire…